MON EXPÉRIENCE QUANTIC – DAVID GANT 

Mon Expérience Quantic, c’est l’histoire de celles et ceux qui prêtent leur voix et leur visage à nos chers personnages. Dans cet épisode, rencontrez David Gant, la voix et le visage du sorcier de The Dark Sorcerer, figure culte de la communauté Quantic Dream, qui avait fait ses débuts lors de la conférence PlayStation à l’E3 2013 !

LE COMMENCEMENT 

Je me suis retrouvé à travailler sur The Dark Sorcerer via un casting à Londres en 2013 ; quand on m’a finalement proposé le rôle, j’ai dit oui. C’est arrivé à une période passionnante de ma vie : à peu près au même moment, je participais à une production théâtrale intitulée « The Mother, an Unsavoury Play in Two Acts and an Epilogue ». Il s’agissait de l’adaptation d’une pièce polonaise, dans laquelle je jouais justement le rôle de la mère. La pièce a été jouée dans le cadre d’une installation au musée Tate Modern de Londres. Parallèlement, j’enregistrais un album de chansons de Noël, « Father Christmas Sings Everybody’s Favourite Christmas Songs », qui a d’ailleurs atteint le top 20 des ventes, et puis je faisais aussi du mannequinat en Italie et à Hong Kong… Et juste avant tout ça, j’avais tourné dans un film à Barcelone, tout juste suivi d’un one man show au théâtre La Farinera del Clot à Barcelone. (Ndlr : voilà une vie bien remplie !!!)

Quoi qu’il en soit, je ne connaissais alors pas les travaux de Quantic Dream, mais la première fois que j’ai lu le scénario de The Dark Sorcerer, j’ai voulu le jouer. J’ai apprécié la noirceur du scénario, l’humour et la façon dont ça passait du sorcier à moi, dans mon propre rôle ! L’idée de la capture de performance était également très nouvelle pour moi à l’époque, ça m’a énormément plu. Une approche complètement nouvelle, inconnue (ce que j’aime) ; je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait. Dans le studio, il y avait environ 50 à 60 caméras tout autour, ce qui est en fait très libérateur puisque c’est comme d’être sur scène. Je pouvais me déplacer n’importe où, tout ce que je faisais, tout ce que je disais était filmé.

LE TOURNAGE  

Il y avait deux jours et demi pour le tournage : jeudi, vendredi et une partie du samedi. Le jeudi était consacré à une répétition, le vendredi au tournage et une partie du samedi était réservée à des éventuelles prises de securité. Pour moi, la répétition du jeudi a été un désastre ! J’ai fait l’expérience de ce que tous les acteurs redoutent et craignent plus que tout : je ne me souvenais d’aucune de mes répliques !!! Je connaissais mon texte, bien sûr, je l’avais travaillé et mémorisé chez moi à Londres, en le lisant tous les jours et en plongeant dans le rôle. Mais quand la répétition du jeudi est arrivée, et que David Cage a dit « ACTION », rien s’est sorti, rien n’avait de sens. Et ça a continué comme ça toute la journée. Après avoir quitté le studio, épuisé et désespéré, je suis retourné à mon hôtel, j’ai relu le scénario plusieurs fois, puis je suis sorti dîner. Puis retour à l’hôtel, j’ai lu le script encore une fois, puis j’ai (mal) dormi.

Je suis arrivé le vendredi, j’ai mis la tenue de performance capture, je me suis mis en position devant la table, David a crié « ACTION », j’ai ouvert la bouche, et là, c’est sorti naturellement : je me suis souvenu des répliques, chacune d’elles ! Le vendredi a donc été le jour le plus merveilleux et le plus libérateur ; je pense que toute cette expérience résume l’idée qu’on se fait du métier en disant « c’est le show-business » ! Vous avez connu les bas (jeudi) et vous avez connu les hauts (vendredi).

Quant aux dialogues, ils étaient (pour autant que je m’en souvienne) déjà verrouillés, donc vous dire ce que j’apporte au personnage, c’est difficile ; je ne réfléchis jamais à ce que j’apporte à un personnage que j’interprète. Je travaille à l’instinct, en fonction de ce que je tire du scénario, de ce que je ressens et de ce qui se passe le jour même. La réponse courte est que je ne sais pas ! Disons que je jouais essentiellement deux personnages : moi-même, jouant moi-même, et le Sorcier Noir. Je me fie toujours à l’écriture, et j’ai beaucoup aimé le scénario de David, je trouvais qu’il y avait un élément shakespearien dans The Dark Sorcerer. Peut-être qu’inconsciemment, j’ai apporté ça au personnage.

Dans l’ensemble, je garde un souvenir particulier de cette expérience : le soutien et la solidarité apportés par les acteurs, par David et par l’équipe, ainsi que le souvenir de la fabuleuse fête qui a suivi. J’adore le jive et j’avais un partenaire merveilleux qui savait en faire autant. C’était une soirée formidable, et pour la petite histoire je portais mon kilt écossais. Et puis le tournage s’est déroulé à Paris, une ville que j’adore. Je vais toujours à Paris pour fêter mon anniversaire en novembre, chaque année.

APRÈS LA SORTIE

Quelque chose de spécial avait été réalisé, et ça servait à deux fins : d’abord comme démo technique, et ensuite comme un merveilleux court-métrage avec un début, un milieu et une fin, incorporant drame et comédie ; j’ai trouvé que c’était fantastique, merveilleux, et que c’était une révélation de voir tout ça prendre vie, avec les effets visuels, etc. On raconte l’histoire d’un homme qui a erré dans les entrailles de la Terre pendant plus de mille ans et qui cherche à se venger ; je revois toujours le film, régulièrement et j’adorerais jouer à nouveau le Sorcier Noir, le revisiter. Je suis très heureux d’avoir accepté ce projet.

Ce que j’ai appris au cours de cette expérience, c’est qu’il faut se lancer dans l’inconnu – prendre le risque, ça en vaut la peine. Vous pouvez échouer ou réussir, mais au moins vous avez essayé. Faites confiance à votre instinct… Et un bon vin rouge français, ça peut aussi aider !

En tout cas je suis très heureux si vous appréciez The Dark Sorcerer autant que j’ai aimé l’incarner. Le tournage a été passionnant et amusant, et j’espère que cela se ressent dans la performance. Ça a vraiment été génial d’y participer.

Merci beaucoup David ! Pour conclure, voulez-vous en profiter pour promouvoir une association ou bonne œuvre ici, qui pourrait bénéficier de votre influence ?

Je travaille pour MediCinema, une organisation caritative qui installe des cinémas dans les hôpitaux. Il y a déjà 7 ou 8 cinémas dans les hôpitaux anglais, à la pointe de la technologie, projetant les dernières sorties comme des vieux classiques. Je suis un Patient Ambassadeur pour MediCinema et je peux parler de ma propre expérience : j’ai été hospitalisée pendant trois mois en 2017, avec une infection dans le bas de la colonne vertébrale, accompagnée d’énormes douleurs. J’avais perdu ma capacité à marcher, la puissance de mes jambes, j’ai dû réapprendre à les utiliser. Pendant les 12 premiers jours d’hospitalisation, tout devait être fait pour moi, j’étais sur le dos tout le temps. Mon poids a chuté de façon spectaculaire, les muscles et la forme que j’avais acquis à la salle de sport ont rapidement disparu. Je ne me suis jamais regardé dans un miroir pendant cette période.

Il y avait un cinéma à l’hôpital (Chelsea & Westminster Hospital), ça m’a sauvé la vie. Je ne pouvais ni marcher ni m’asseoir à cause de la douleur, alors j’ai été amené dans le cinéma pendant trois mois dans mon lit (il y avait de la place pour 4 lits et des fauteuils roulants ainsi que des sièges de cinéma normaux). Avant même que le film ne commence, j’étais déjà comme au cinéma, je me sentais bien ; puis les lumières s’éteignaient et c’était magique, la joie de regarder les films était instantanée. Ces séances de cinéma et les soins parfaits des médecins et du personnel soignant m’ont remis sur pied ; j’ai retrouvé ma forme initiale. LES JOURS HEUREUX SONT VITE REVENUS !