MON EXPÉRIENCE QUANTIC – DOMINIC GOULD
Mon Expérience Quantic, c’est l’histoire de celles et ceux qui prêtent leur voix et leur visage à nos chers personnages. Dans cet épisode, partez à la rencontre de Dominic Gould, le talentueux acteur et collaborateur de longue date de Quantic Dream qui a notamment prêté sa voix à Earl dans Beyond: Two Souls et incarné Todd Williams dans Detroit: Become Human !
LE COMMENCEMENT
Je ne me souviens pas si j’ai d’abord été contacté pour auditionner pour Todd ou pour aider à réécrire les dialogues anglais du scénario, ça a dû se dérouler à peu près au même moment. Quoi qu’il en soit, David Cage [scénariste et réalisateur] m’a fait savoir par l’intermédiaire de Benjamin Diebling [directeur du tournage] qu’il souhaitait m’auditionner pour un personnage particulier du nouveau jeu de Quantic Dream. Nous avions déjà travaillé ensemble, et je ne sais pas pourquoi, mais David semble penser que j’ai un côté maléfique en moi ! Il n’y a pas beaucoup de gens qui le voient et je le prends autant comme un compliment que comme une opportunité. Ainsi, je suis passé du statut de criminel dans Beyond: Two Souls à un autre niveau de dépravation dans Detroit: Become Human : père toxicomane et abusif. Mais j’ai également apprécié d’aider David et Adam Williams [scénariste] à retravailler les dialogues du jeu, nous nous sommes beaucoup amusés à inventer de nouvelles répliques pour chaque personnage. Étant donné l’atmosphère sombre du jeu, il est difficile d’imaginer les éclats de rire qu’ils ont aussi provoqués !
Earl dans Beyond: Two Souls était un petit rôle, un type très méchant qui n’avait pas besoin de beaucoup de développement de personnage ou de backstory. Tout ce que nous avions besoin de voir, c’était un personnage menaçant qui franchit la ligne et devient violent. En tant qu’acteur, vous devez – du moins je le fais – laisser votre boussole morale à la porte lorsque vous jouez ce genre de scène. Ce qui m’a permis de prendre un réel plaisir à jouer une situation aussi tendue et menaçante. Si tout le monde parvient à garder cette distance, on quitte le studio à la fin de la journée avec le sentiment d’avoir fait du bon travail. Point final.
Quant aux jeux vidéo, je crois que j’ai raté le coche. Ou devrais-je dire que le bateau n’était pas encore arrivé au port quand j’étais enfant. Il y a peut-être beaucoup de gens qui sont devenus accros aux jeux vidéo à l’âge adulte, mais je n’en fais pas partie, et je pense que c’est une question de génération. Mais je peux dire que je suis un grand amateur de jeux vidéo quand il s’agit de les interpréter ! La nature même du jeu offre à l’acteur davantage de possibilités, sans compter que la capture de mouvements rend votre enveloppe physique métamorphique.
Maintenant, en ce qui concerne Detroit: Become Human, eh bien j’aime tout simplement les bonnes histoires. Et encore une fois, j’ai peut-être raté quelque chose, mais je n’ai pas remarqué beaucoup de grandes histoires dans les jeux vidéo jusqu’à récemment ; je pense que David était et est à l’avant-garde à cet égard. Donc quand j’ai lu le scénario, j’ai adoré la façon dont il racontait l’histoire, j’étais très emballé par le projet. Et comme j’étais là pour aider à peaufiner les dialogues, j’ai pu voir le projet avancer, ce qui était également très stimulant. Le simple fait de regarder toutes ces photos d’acteurs et d’actrices épinglées au mur lors du processus de casting m’a donné envie d’en faire partie !
LE TOURNAGE
Le tournage a été difficile, car David est exigeant. Je crois que je comprends sa méthode, mais c’est néanmoins une expérience épuisante, il aime explorer les limites. Comme Todd, mon personnage, était assez extrême dans son comportement, David a pris le temps de trouver jusqu’où je pouvais être extrême sur le plateau. Pas nécessairement dans chaque scène, mais il y avait cette scène où Todd est très énervé avant de monter à l’étage pour punir sa fille. On a dû la faire au moins 20 fois, ma voix a été cassée pendant 3 bons jours après ça. Mais je savais ce que David essayait d’explorer et j’ai donc suivi le mouvement. Une fois encore, comme tous les membres de l’équipe, de David jusqu’au plus bas, savaient ce qu’ils faisaient, le travail était toujours bien fait et c’était un plaisir. Bien sûr, je n’étais là que pour mes scènes ; je suis sûr que le fait d’être là pendant toute la durée du tournage a dû être un véritable tour de montagnes russes. Et sans vouloir paraître trop vieux jeu, cela fait maintenant plus de 15 ans que je pratique la capture de mouvement ; elle a évidemment évolué au fil des ans, mais pour un acteur, c’est toujours essentiellement la même chose : il s’agit de combiner l’imagination que vous utilisez sur scène au théâtre, avec la précision et la technique du cinéma. Ça procure des sensations uniques. Et j’espère aussi que la jeune fille qui a joué Alice ne fait pas de cauchemars à cause de mon personnage !
APRÈS LA SORTIE
C’est une expérience qui force à l’humilité parce qu’en tant qu’acteur, on a tendance à penser que la performance est le but de tout le projet et on se rend compte une fois qu’elle est terminée qu’elle n’est en fait qu’un élément d’une énorme machinerie. Il y a une telle quantité d’efforts et de travail collectifs qui ont été déployés dans cette aventure ! Et ça me rend d’autant plus impatient de commencer une autre expérience Quantic Dream ! Dans l’ensemble, ce genre de chose vous fait réaliser tout ce qui peut être accompli dans un effort collectif. Peut-être que le prochain jeu devrait s’appeler » Save the Planet » ou » Peace on Earth » ou » Share the Wealth « … 🙂