QD & MOI – JULIE HARFF – STYLISTE

Quantic Dream : Peux-tu te présenter ? Quel est ton nom, d’où viens-tu et quel est ton rôle chez Quantic Dream ? 

Je m’appelle Julie Harff, je viens de la région parisienne, en France, je suis maman de trois petits monstres et je suis styliste – “Costume Designer” dans le jargon officiel – pour les personnages des jeux Quantic Dream, dans l’équipe créative dédiée.

QD : Comment t’es-tu retrouvé à travailler dans l’industrie du jeu vidéo ? Était-ce un rêve de longue date, ou l’as-tu intégré un peu par hasard ? 

J’ai été styliste coordinatrice licences dans la mode pendant une dizaine d’années. C’était très enrichissant de travailler avec plein de pays différents, mais c’était aussi aussi très chronophage. J’avais d’autres envies, un besoin de revenir à de la création pure, avec plus de sens et moins de “politique”. Un de mes meilleurs amis travaillait alors en tant que Concept Art Designer à Quantic Dream. Il a proposé mon profil et voilà ! Je ne vous cache pas qu’étant novice dans ce milieu, je n’y croyais pas vraiment, mais c’est aussi la force du studio : rechercher des passionnés aux spécialités et horizons différents, qui font la richesse des équipes. Et c’est pour Detroit: Become Human que j’ai commencé cette formidable aventure !

QD : Parle-nous plus précisément de ton travail ici ; quel est ton rôle et celui de ton équipe ? 

Notre job est de concevoir les personnages d’un jeu. Après une lecture approfondie du script, on essaye de traduire visuellement l’essence de chaque personnage : tenues, maquillage, accessoires, tous les éléments doivent être justifiés. On favorise l’émotionnel en rendant les personnages uniques, réalistes et cohérents avec leur environnement et leur personnalité. Designeuse costumes, c’est en fait la psychothérapeute et la shoppeuse personnelle de chaque personnage ?

QD : Dis-nous en plus sur les membres de ton équipe.

Dans le département création, on est une quinzaine : directeurs artistiques, artistes concepts, coordinateurs. Le télétravail a un peu changé l’organisation mais c’est un groupe talentueux, avec beaucoup d’expériences très différentes et nous sommes toutes et tous fiers de contribuer à ce fabuleux projet Star Wars EclipseTM. C’est un immense challenge créatif !

QD : Peux-tu nous décrire ta journée type ? Est-ce que ça existe pour toi ? 

Rien ne commence sans un, deux, voire trois cafés ! Après, il n’y a pas vraiment de routine. Avec les autres coordinateurs, on est des couteaux-suisse. Selon les jours, je peux élaborer des tendances, préparer des briefs, des documents de présentations, des packs outsourcing, faire de la veille iconographique ou recréer des produits sur Photoshop, analyser les scripts, résumer des plannings ou processus sur Excel… Chaque jour est unique et ce n’est pas pour me déplaire ! La seule constante est de viser l’excellence et de veiller à la cohérence globale (lore, scripts, décors, personnages) avec les autres coordinateurs.

QD : Certaines de tes inspirations extérieures se reflètent-elles dans ton travail ? 

Oh que oui ! Mes propres expériences, d’abord. C’est essentiel pour s’imprégner de la psychologie des personnages dépeints dans le script. Je me nourris aussi de ma passion pour le cinéma, pour la mode avec des stylistes comme Haider Ackermann, des architectes comme Zaha Hadid, les musiques de film que j’écoute en boucle en travaillant (surtout Hans Zimmer) et les photographes qui observent le monde par leur prisme, comme Steve McCurry ou Jimmy Nelson. L’inspiration est partout, tant qu’on prend le temps de regarder.

QD : Voici une grande question… Quels sont tes jeux préférés ? 

Je pourrais passer des heures à empiler des blocs sur Tetris ! Ça me calme, alors que les autres jeux me font devenir très vite hystérique et je n’ai toujours pas compris à 40 ans que je n’ai pas besoin de faire les gestes pour accompagner la manette : je sais, c’est triste ! (ndr : mais pas du tout Julie, tout le monde fait ça ^^) Je suis plutôt jeux de société, à vrai dire.

QD : Dis-nous en plus sur tes centres d’intérêt en dehors du travail. 

Chiner en brocante ou sur le net : des vieux objets, des meubles, des disques vinyles… Là je suis dans ma période art déco, il faut que j’arrête d’ailleurs, je n’ai plus de place ! J’aime aussi écouter mes vinyles sur mon canapé, dévorer des films, me faire un bon restaurant entre amis… Tout ça, c’est 10% de mon temps libre ; le reste, c’est évidemment pour mes enfants.

QD : À quoi ressemble ton vendredi soir idéal ? 

C’est dur de vieillir ! Je dirais un petit verre de vin avec mon mari devant une série. Très simple, mais j’adore !

QD : As-tu un message pour nos lecteurs ? 

Ne pas avoir peur de vouloir suivre ces passions ! Cela ne rentre pas forcément dans les cases établies mais tant qu’il y a de la passion, du talent et de l’humilité, l’aventure sera inattendue et épanouissante. Rien ne tombe tout cuit et on apprend tous les jours, quel que soit son expérience. Mais ne surtout pas oublier l’essentiel : ses proches, l’amour, rire, la vraie vie quoi.

QD : Dernière question ! Gâteau au chocolat ou tarte aux fruits ? 

Je ne suis pas très dessert, à vrai dire ; côte de boeuf, j’ai le droit ?